"Les gouttes d'encre"

Humbata ou -"Le 7ème démon de Babylone"

Extrait 4

Le dromadaire de tête était monté par un bédouin, l’autre était chargé de deux volumineux ballots de toile qui abritaient trois caisses de bonne taille. La monture de l’homme, était plus grande que l’autre. Au pommeau en forme de croix, à l’avant de la selle, étaient attachées les courroies de deux outres encore à moitié remplies d’eau et un long sabre à lame droite dans un fourreau recouvert d’une peau de lion. En travers de ses jambes un long fusil mauser mod.1917, au fût de noyer, dont la culasse était emmitouflée dans une toile de lin veillait. Rien n’était visible du bédouin revêtu qu’il était de l’ample manteau écru traditionnel des bédouins de l’ancienne Mésopotamie ; une large ceinture de cuir à boucle de cuivre le serrait à la taille. Un long poignard à pointe recourbée et au manche d’ivoire richement orné d’argent sculpté, avec un énorme rubis en guise de cabochon, traversait la ceinture.
Son corps se balançait souplement, en complète harmonie avec la démarche ondulante de sa monture, et seule une étroite ouverture à hauteur de ses yeux grands grand ouverts, immenses et profondément enfoncés, lui permettait d’observer son chemin. Leur iris Noir brillait comme le diamant. Comme le diamant, il n’exprimait rien d’humain !
L’homme dirigeait ses montures vers cette falaise dont la taille immense ne pouvait vraiment se percevoir qu’à mesure de l’approche. Maintenant, le sol était devenu aride et de plus en plus jonché d’innombrables pierres de toutes tailles, aux multiples couleurs allant du blanc éclatant, au rouge brun presque pourpre, en passant par un rose aux reflets presque bleutés, toutes plus ou moins piquetées de petits morceaux de quartz. Certaines, après avoir roulé, s’étaient agglutinées les unes sur les autres au fil des temps dont le désert ne semble avoir cure, et formaient des amas aussi impressionnants par leur hauteur, de parfois quinze à vingt mètres que par l’équilibre inquiétant de ces pierres qui les constituaient.

Arrivé huit ou neuf cents mètres de la falaise, juste devant les premières pierres, les plus petites, le bédouin arrêta ses dromadaires et se redressa sur sa selle. Il observait très attentivement la fantasmagorique étendue qui le séparait encore de ce qui semblait être son but, clairement visible maintenant, en contre-haut de la position du bédouin. A y regarder avec un peu plus d’attention, les pierres, quelle que soit leur taille et leur aspect, semblaient toutes alignées comme les rayons d’un demi-cercle dont le diamètre semblait être la façade de la falaise elle-même.

 

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